Ode au sourire
“Prenez conscience des commissures de vos lèvres, étirez-les doucement vers vos oreilles.
Maintenez la position en respirant calmement, amplifiez légèrement l’étirement sur chaque inspiration, relaxez-vous sur chaque expiration. Poursuivez ainsi pendant quelques minutes.”
Je m’amuse à dire que le sourire est l’asana n°1, la première posture de yoga.
Il peut se pratiquer partout, à tout moment et il est bien plus qu’une expression du visage.
Il nous est bénéfique et rejaillit sur ceux qui nous entourent.
Sourire et voix
Dans une période où les contrats étaient rares, j’ai travaillé pour une plateforme de téléphonie. Les superviseurs écoutaient les appels et faisaient des remarques aux employés qui ne souriaient pas assez.
Concrètement, l’étirement des muscles du visage crée plus d’espace dans la cavité buccale et améliore la résonance de la voix, le son est plus clair, plus lumineux, les fréquences aigües sont mises en valeur.
Pour moi, le sourire favorise aussi une meilleure posture, ce qui impacte la respiration et la gestion du débit d’air, le soutien de la voix est alors plus aisé.
Chantez avec un sourire et vous ressentirez très vite toutes ces améliorations. La confiance grandit, la détente s’installe et c’est le début d’un cercle vertueux !
Au début ce n’est pas facile de chanter en souriant, il y a tellement de paramètres à maîtriser et à coordonner pour faire sonner sa voix comme on le souhaite. Mais je vous encourage à essayer : enregistrez votre voix avec, puis sans sourire, et constatez vous-même la différence. Vous me direz en commentaire.
Aujourd’hui je ne fais plus d’effort conscient pour l’afficher, mon sourire fait partie de moi quand je chante et dans la vie aussi.
Sourire et douleur
Je souffre de migraines accompagnées depuis mon adolescence. Elles me rendent visite une à deux fois par mois, me coupent de ma créativité et de ma joie de vivre, me plongent parfois dans le désespoir. Si vous avez des migraines, vous savez.
Les anti-douleurs vendus en pharmacie sont insuffisants et les médicaments proposés pour la migraine ont des effets secondaires qui impactent la voix. Alors j’ai appris toutes sortes de techniques pour gérer la douleur : EFT, Hoʻoponopono, respiration, méditation, yoga, automassage, acupression, huiles essentielles, médecine chinoise, ayurveda… Et j’ai récemment ajouté le sourire à cette panoplie.
Un jour où rien ne fonctionnait, j’ai essayé de respirer profondément, de me détendre, d’imposer les mains sur la douleur et d’étirer mes commissures tout doucement vers mes oreilles. Le sourire n’a pas fait disparaître la douleur mais il a changé ma relation à celle-ci. Au lieu de me contracter, j’ai accepté l’idée de me détendre, je me suis ancrée dans un état d’acceptation de ce qui est là, de gratitude pour être en vie et de me définir par autre chose que cette douleur tout en sachant qu’elle finirait par passer.
Pour tout vous dire, c’est en sortant d’une nuit de migraine que j’ai eu envie d’écrire ce billet.
J’étais dans la salle de bains pour me rafraichir le visage, j’ai massé mon crâne, je me suis redressée et en voyant mon reflet si mal en point dans le miroir, j’ai eu envie de lui sourire. Après plusieurs respirations dans cette posture magique, la douleur est partie.
Sourire et résistance
Dans la vie quotidienne, le sourire peut être perçu comme une expression anodine ou comme un signe de faiblesse d’esprit.
Pour moi, il exprime au contraire un refus de se laisser submerger par la négativité.
C’est ma façon de résister aux incohérences du monde, à la violence, aux divisions. Je ne nie pas toutes ces choses, je décide d’y répondre autrement qu’en me faisant broyer par elles. Je souris, et j’écris des chansons.
Pour démarrer cette année qui nous arrive sans aucun doute avec son lot de défis à relever, je vous propose d’écouter “Ton sourire”.
Bonne année à tous !